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Maximilien N’Tary-Calaffard, Afropolitain en VOST

Après des études de droit et de marketing, en France et aux USA, qu’il poursuit encore aujourd’hui (il finalise la thèse de son doctorat en marketing à la Sorbonne), Maximilien a pendant longtemps travaillé avec les plus grandes marques de sport et a favorisé l’essor du running et du streetwear tel qu’on les connait aujourd’hui. En parallèle, il a beaucoup écrit sur les sujets du sport et de la mode dans de nombreux magazines (The Fader magazine, Maximal, GQ, Men’s Health, Wad, The Closet,…).
Il est depuis 5 ans le rédacteur en chef du magazine international AFROPOLITAIN.

Bonjour Maximilien, peux tu te présenter ?

Maximilien N’Tary-Calaffard, 45 ans . Journaliste/Consultant/ Prof de marketing de la mode.
Accessoirement, rédacteur en chef du magazine Afropolitain

Peux tu nous présenter Afropolitain, son histoire, sa ligne éditoriale, et sa diffusion

Le magazine existe depuis 5 années. Il a germé dans l’esprit de Keziah Makoundou, une directrice artistique française qui s’est exilée aux Etats-Unis. Elle est partie du constat qu’il n’yavait pas de magazine s’adressant à la nouvelle diaspora africaine. La nouvelle génération qui est née ou a grandi en occident et celle qui est retournée au pays. De même elle a remarqué que les communautés francophone et anglophone ne se cotoyaient pas. Enfin, qu’il y avait très peu de passerelles entre les hommes et les femmes. Partant u principe que nous vivons tous sous le même ciel, nous avons élaboré un magazine essayant des réconcilier toutes les diasporas.

La distribution est internationale nous sommes présents dans les kiosques en Europe, Barnes and Nobles aux U.S et dans des hôtels en Afrique.

Quelle est sa cible ?

Nous visions la diaspora africaine au départ, qui a vite été élargi aux afro-descendants. Ce n’est pas question de couleur de peau mais bien de lien avec le continent.

Afrodescendant, on l’est tous si l’on se réfère à l’évolution de l’homo sapiens, les scandinaves et les asiatiques ont peut-être quitté plus tôt le continent mais on vient tous du même endroit non ?

C’est exactement nos propos, on va aussi bien parler aux aborigènes australiens que de la condition des noirs en Russie.

La culture et la société américaine, africaine(s) et la nôtre sont assez différentes, comment fait-on pour s’adresser sur le même ton à plusieurs « populations » ?

La culture est un animal particulier fait de l’accumulation de plusieurs couches. Il y a les références de la société où l’on vit, sur les lesquels viennent s’accumuler les principes de la famille élargie, puis les groupes d’appartenance, les passions, et ainsi de suite. En bref, il y a des cultures spécifiques à chaque pays mais aussi tout un bloc commun issu de musiques, passions, sports, références cinématographiques…C’est ce tronc de valeurs communes qui nous réuni, un ton commun. De plus, on a tous un cerveau, une capacité de discerner le bien et le mal, une ouverture d’esprit qui fait que l’on peut tous plus ou moins se comprendre.

Avec l’arrivée des réseaux sociaux et leur essor à la fin des années 2000, parler de culture locale, communautaire ou ethnique a-t-il encore un sens quand les gens, partout dans le monde, écoutent les mêmes musiques, mangent dans les mêmes chaines de restauration et s’habillent de la même façon ?

Je vois que l’on est raccord 😉

© Mailmovement

Où placerais tu les limites de l’appropriation culturelle, (si ça existe) ? Un blanc qui s’habille en wax ? un africain avec un costume italien ? un enfant qui se déguise en amérindien pour un anniversaire ?

C’est en notre sens un concept qui vise à diviser les peuples. Cela pourrait exister dans des sociétés comme les états-unis où les gens vivent les uns à côté des autres mais pour avoir vécu aux U.S le dernier des rappeurs connaissait les chansons de Bon Jovi par cœur. Est-ce à dire que l’appropriation culturelle ne marcherait que dans un seul sens ? Les gens ont beaucoup plus en commun que l’on pense, nous baignons dans de multiples cultures depuis notre plus jeune âge. L’assimilation est inconsciente, de quel droit peut on dire à quelqu’un de ne pas s’habiller comme son artiste préféré sous prétexte qu’ils n’ont pas grandi dans le même pays ? Continent ? C’est ridicule.

Tous ces grands sportifs que tu interviewes sont (presque) tous sponsorisés par des marques aux éthiques douteuses. Quand un sportif fait l’apologie de la malbouffe avec les désastres liés (diabète, surpoids, maladies cardiaques), ou quand il fait des opérations sociales ou caritatives aidées par un partenaire qui l’aide à faire fortune sur le dos d’employés sous-payés en Indonésie par exemple, n’y vois-tu pas un paradoxe, une fumisterie hypocrite ?

Je ne peux pas répondre à la place de tous mais pour ceux que je connais intiment, je peux dire qu’ils ne voient pas forcément le mal ou pensent pouvoir faire la différence et changer les choses. De plus, mes recherches m’ont amené à voir qu’en psychologie , le cerveau ne faisait pas forcément le lien entre deux situations pourtant très logiques. C’est passionnant mais une situation vécu de l’intérieur n’est pas du tout vu de la même manière de l’extérieur.

Il y a eu récemment une prise de conscience d’une partie de la population mondiale du racisme structurel et systémique. Même si chaque pays a son histoire et ses particularités, qu’est ce qui peut/va changer selon toi ?

Ce qui va faire changer les choses c’est que les gens se mélangent de plus en plus et c’est une chose de vivre des évènements à travers les informations et une autre quand vous en êtes le témoin privilégié ou que cela arrive à un de vos proches. C’est très dur de réaliser le malheur des autres, de se mettre à leur place. Beaucoup de gens niaient le racisme jusqu’au jour où ils ont eu des enfants métisses. Ils ont alors ouvert les yeux. Le racisme c’est un peu comme le mouvement #meetoo que beaucoup d’hommes minimisent car ils n’y sont pas confrontés mais ils suffit de sonder nos connaissances pour avoir une révélation.

Qu’est ce qu’un media communautaire peut amener à cette prise de conscience ?

Dénoncer en permanence, ne rien laisser passer mais aussi et surtout éduquer. Il faut trouver un équilibre car on bute les gens en étant trop agressifs. L’idée est de ramener les gens à la raison l’un après l’autre.

Tu as pratiqué et pratique encore pas mal de sports, je trouve intéressant que tu te sois surtout consacré au basket, running et à la boxe qui à eux 3 couvrent l’ensemble des disciplines sportives (collectif, individuel et combat), qu’est ce que chacune de ces pratiques t’a apporté ?

Réponse bateau pour le basket c’est le collectif , travailler en équipe pouvoir compter sur les autres mais aussi jouer son rôle en apportant sa contribution. La boxe est intéressante car les gens pense qu’il s’agit d’un combat contre un adversaire alors que l’on se bat contre soi-même. La boxe apprend, la résilience, l’humilité et l’abnégation, c’est un peu l’école de la vie. La course c’est de l’endurance à 100%

© Makia

Un mot de la fin ?

Lisez des bouquins


Tu te vois où dans 20 ans ?

Mort

La presse dans 20 ans ?

Les gens lisant de moins en moins et la crise des ressources naturelles aidant , je pense qu’il y aura encore moins de presse papier qu’aujourd’hui mais qu’il y aura toujours des magazines de niches faits avec amour

Le monde dans 20 ans ?

Un monde plus écologique car la nature aura repris ses droits à force de catastrophes naturelles. Un meilleur équilibre, un peu comme pendant le confinement quand on entendait les oiseaux chanter.