Sear & Muzul, the Get Busy Show
Une fois par mois, Sear, Muzul et leur bande prennent l’antenne sur CliqueTV avec un invité pour le GET BUSY SHOW. Ensemble ils revisitent son parcours, ses anecdotes…
Bien avant cela Get Busy était un fanzine historique de la culture Hip-Hop qui a traversé les époques depuis plus de 30 ans. Rencontre avec ces ovnis du PAF.
Bonjour, pouvez-vous vous présenter ?
Real Muzul : Tu crois qu’on doit encore présenter Sear ? On a accès à son casier judiciaire pourtant.
Moi, j’ai eu une scolarité normale, assez bonne même.
Sear : Ouais, t’es 1er bébé éprouvette de France (rires)
Média protéiforme, pouvez vous nous faire un bref historique de Get Busy ? du fanzine photocopié à l’émission de télé.
S: Get Busy à la base c’est un fanzine, qui est devenu un magazine, puis une émission de radio et actuellement une émission de télé.
A la suite du fanzine et avant la webradio, un site internet aurait été la suite logique au début des années 2000, pourquoi ca ne s’est pas fait ?
S : Parce qu’historiquement, on est en retard sur tout…
RM : Mais tu y avais pensé à un moment.
S: Oui, ça fait partie des 1001 projets de relance de Get Busy qui ont avorté.
Prince, 2pac, Rick James, Biggie, James Brown, Tim DOG, Guru, MJ et Miles Davis…
Si vous pouviez ressusciter l’un de ces artistes, lequel choisiriez vous ? et pourquoi ?
RM : (sans hésiter) James Brown
et pourquoi ?
RM : Ça coule de source non ?
S : J’hésite entre James Brown et Prince parce que James Brown seul, ne ferait pas de la bonne musique…
RM : oui mais si tu ressuscites James, les autres vont suivre
S : Ça dépend à quel âge on le ressuscite…
à 76 ans non…
RM : on le ressuscite vers 1967 et on le re-tue vers 1975…
S : dans ce cas là ouais (rires)
Comment sont choisis les invités ?
S : Au début c’était un peu qui on pouvait, avec mon petit réseau.
RM : Maintenant qu’on passe à la télé tout a changé, il y a beaucoup de harcèlement.
S : maintenant on a beaucoup plus de facilités à ‘avoir’ les gens.
RM : après c’est aussi les gens avec qui on a envie de parler.
S : On ne cherche pas forcément les gens qui ont une actualité parce que vu ce qu’est l’actu du rap français aujourd’hui, je ne sais pas trop ce que j’aurai à leur dire… Et je ne suis pas sûr que ce qu’ils aient à dire m’intéresse vraiment.
RM : A part 2 invités, aucun n’avaient une actu particulière et encore, on leur a fait parler de complètement autre chose.
Clique nous a poussé à être un magazine de vieux qui ne reçoit que des vieux, ils ont estimé qu’on était les plus légitimes pour le faire.
Sear
Pour la formule radio/webtv, vous aviez plusieurs invités, récemment vous êtes revenu à une formule à un seul invité ou un seul groupe d’invité, pourquoi ?
S : Pour les émissions qu’on faisait en radio ou en webTV, on avait pas de limite de temps, on pensait qu’avoir 2 invités, ça pouvait faire des discussions intéressantes, des interactions…
Là pour Clique, ça dure 50 minutes; si tu mets les 4 ou 5 personnes de l’équipe et plusieurs invités, ca ferait un temps de parole super limité.
Mieux vaut n’avoir qu’un seul invité et explorer à fond les sujets avec lui.
Les gens nous disent déjà tous que c’est trop court comme format, donc 2 invités et 36 chroniqueurs, ca n’a pas de sens.
RM : 2 invités, c’est plus cool s’il y a des interactions entre eux. Quand on faisait l’émission en radio, on leur disait de ne pas hésiter à intervenir sur le temps de parole de l’autre…
S : Des fois ça l’a fait, des fois moins.
GB, version papier avait une dimension sociétale et politique, là à part David Dufresnes, et Frédéric Taddeï on est plus souvent dans les histoires d’anciens combattants (qui est aussi super intéressant). C’est le hasard ou c’est juste une autre époque et vous êtes un peu désabusé de la politique ?
Depuis le passage sur Clique, je sais pas si c’est un hasard, on a l’impression que tous les invités sont des “potes”, le rapport aux questions est donc forcément différent, c’est une volonté ou une coïncidence ?
S : Comme on te l’a dit avant, on a pioché dans notre carnet d’adresse pour débuter. On a voulu ‘faire’ Fianso mais Clique se le gardait pour la quotidienne.
Clique nous a poussé à être un magazine de vieux qui ne reçoit que des vieux, ils ont estimé qu’on était les plus légitimes pour le faire. On s’est alors dit qu’on allait leur faire une saison entière de trucs comme ça, avec les figures essentielles, historiques du Hip-Hop.
Ca nous permet de revenir sur l’histoire avec des petites anecdotes sympas.
RM : par exemple c’est là qu’on a appris que Cut Killer avait tagué la camionnette de Dee Nasty. L’intérêt aussi c’est par exemple de présenter des gens comme Angelo que plein de monde ne connaissaient pas, ou ne connaissaient pas son parcours, idem pour Solo.
S : On est pas là pour leur cirer les pompes ou pour être agressifs, mais si les gens passent un bon moment, apprennent des trucs et rigolent, si tu t’es pas fait chier, nous ça nous va…
Depuis votre arrivée sur Clique, aucune fille n’a été invitée, aucune fille n’intervient non plus dans l’émission. Le HH est un milieu très masculin, mais est ce une fatalité ?
S : Ma meuf ne veut pas que j’invite d’autres meufs (rires)
RM : c’est vrai qu’on a déjà entendu cette remarque, mais en quoi ça serait mieux avec des filles ? On en avait reçu dans la dernière saison de webradio.
S : Et en meuf, on a reçu 25G (rires).
RM : en tous cas c’est pas calculé, ça manque de blancs, ça manque de cheveux…
Pas mal de gens se plaignent de la durée de l’émission qui est parfois trop courte pour certains invités qui ont beaucoup de chose à dire, Faire une version longue pour le web, et garder le format 1h pour la tv peut être ?
S : Vaut mieux ça que l’inverse où les gens trouveraient ca trop long. Malheureusement on ne peut pas parce que c’est Clique, enregistré dans les conditions du direct, et il faut libérer le plateau après.
RM : Après, en mettant un coup de pression à Mouloud (Archour) tout reste possible.
S : Avec la séquestration de ‘Couscous’ et de son chien… (rires)
Mais on a un autre projet, on fait des podcasts maintenant et il est possible qu’on développe d’autre projet de type radios.
A l’époque, quand tu (Sear) étais chez Denisot ou chez Dechavanne, tu t’imaginais à leur place 25 années plus tard ? C’était une ambition calculée ou c’est juste une occasion saisie d’être sur Clique ?
S : Pas du tout, et surtout quand tu vois ce qu’on y a fait à l’époque; Chez Dechavanne je savais à peine parler français, on dirait Elie Semoun quand il fait ‘Toufiq’.
On y est allé en tant qu’activistes militants du Hip-Hop, pas comme apprenti présentateur, je ne me suis jamais senti journaliste.
Le drame de ma vie c’est que je n’ai jamais été carriériste.
Y’a quoi dans votre playlist en ce moment ?
RM : Black Market Brass et Lettuce et pas mal le dernier IAM.
S : rien de particulier, on ne retient pas les noms avec les mp3… Ah si Eric Roberson.
J’écoute très peu de rap aujourd’hui…
il y a quand même eu une période dans le rap où tu pouvais presque tout acheter les yeux fermés, rien qu’en te basant sur le nom du label ou du producteur…
Sear
De plus en plus d’artistes arrêtent de sortir des sons sur des supports physiques, comment vous voyez l’évolution du (des ?) rap et de la musique en général?
S : Inéluctable, je suis un nostalgique pragmatique, je pense qu’il y a des choses qui étaient mieux avant mais je sais pertinemment (contrairement à certains) qu’on revient pas en arrière. Faut vivre avec son temps, aujourd’hui on a des portables… Alors oui, à certains niveaux la musique était mieux avant; il y a quand même eu une période dans le rap où tu pouvais presque tout acheter les yeux fermés, rien qu’en te basant sur le nom du label ou du producteur…
RM : Moi, je continue à acheter des disques.
Quelques couvertures du fanzine puis du magazine Get Busy
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Vous vous voyez où dans 20 ans ?
S : Houla ! Au soleil en train de me gratter les C…
RM : ouais enfin, tu seras peut être au soleil, mais en Ehpad. (rires)
Moi j’en ai aucune idée.
Et Get Busy dans 20 ans ?
S : On sera trop vieux pour encore s’occuper de ça, et je ne vois personne à qui passer le flambeau…
Et le monde tout court dans 20 ans ?
S : On va tous crever
RM : Sans animaux, avec peu de nourriture, un mélange entre Mad-Max et Blade Runner.
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